
Depuis plusieurs semaines déjà, j’ai identifié la boutique de l’Artisan du Vitrail au cœur de la ville. Tu me diras, rue Saint Gaucher, il est difficile de louper cette jolie devanture bleue (canard ? Je ne suis pas très calée sur les multiples noms de couleur !). En tout cas c’est un bleu tendance, puisque sans concertation aucune, le nouveau salon de thé atypique, La Petite Soupape, qui vient d’ouvrir, a opté pour la même couleur de façade !
Si on met cette histoire de couleur à part, comment te dire qu’au premier abord, la technique du vitrail n’est pas un sujet qui sonne très sexy à mes oreilles ! J’imagine plus une technique ancestrale, un peu poussiéreuse, pas très moderne quoi. Seulement, avec l’Artisan du Vitrail, mon image surannée en a pris un coup lorsque j’ai commencé à voir passer une communication web savamment maîtrisée, claire et esthétique. Cela a titillé ma curiosité, le vitrail serait-il ici mis au goût du jour ?
Si on te dit «vitrail», il y a 90% de chance que tu rétorques «église» ! Tu vois, de suite ça limite l’art du vitrail au cercle religieux… Mais en fait, lorsque j’ai découvert le travail réalisé par l’Artisan du Vitrail, le champ des possibles s’est ouvert à moi ! Le vitrail c’est aussi dans les jolies demeures et les beaux immeubles anciens, mais ça peut aussi être un bijou ou un objet décoratif, comme un «Sun Catcher» (Cf. capteur de rêves), ou comme une œuvre d’art contemporaine qui vient sublimer une architecture ou une décoration d’intérieur.
Et puis, pour couronner le tout, j’ai rencontré l’Artisan du Vitrail, alias Pascal Rieu, qui a fini par détruire l’image vieillotte que j’entretenais, puisque c’est un ancien graphiste parisien qui a effectué, il y a quelques années, une reconversion réussie. De quoi casser tous les clichés !
Présentation
Un drômois, graphiste à Paris
L’Artisan du Vitrail c’est Pascal Rieu, drômois, qui a passé son adolescence à Montélimar. Il quitte la ville pour étudier à Grenoble puis à Paris, où il obtient son CAP de graphiste maquettiste. Il travaille dans ce domaine durant vingt deux ans en tant que salarié dans des entreprises de communication, puis à son compte comme graphiste freelance, qui classiquement porte mille casquettes : création de logos, création d’illustrations, création de maquettes et de mises en page, retouches de photos, mais aussi créateur de sites web …
Il finit par se lasser de ce travail notamment à cause des évolutions incessantes des techniques graphiques. Avec l’apparition de la PAO (programmation assistée par ordinateur), il est nécessaire de sans cesse se former pour s’adapter au nouvelles techniques, ainsi qu’à la concurrence grandissante.
Une reconversion très précise
Pascal se pose alors la question d’un métier manuel, plus concret. Quel est le parisien qui n’a pas émis cette idée romanesque d’effectuer une reconversion pour un métier manuel ?! Cela paraît beau, idyllique, simple, mais la réalité ne l’est pas autant ! Il a une idée très précise de ce qu’il veut :
- un métier manuel dont les techniques n’évoluent pas.
- un métier qui ne puisse pas être amené à être délocalisé ou à être remplacé par une machine.
- un métier qui lui permette d’être indépendant et créatif.
Ainsi, ce sont les métiers d’art qui semblent le mieux englober ses critères exigeants, il épluche donc les fiches métiers de l’Institut National des Métiers d’Art. Il fait un bilan de compétence au terme duquel le métier de vitralliste se démarque nettement.
Grâce à une aide de la région Ile de France, il sélectionne un maître verrier, vitrailliste, Marc Grossriether. Le maître ayant précédé l’élève dix années auparavant dans la reconversion, car lui aussi venait du monde l’informatique ! Ce dernier lui conseille de faire un stage avant de se lancer dans la formation, mais Pascal le sait, ce métier c’est celui qu’il lui faut, c’est là qu’il va s’épanouir, pas besoin d’un stage pour le confirmer ! Marc le prend donc en formation durant 10 mois, à la suite desquels Pascal obtient son CAP « Arts et techniques du verre, option vitrailliste ». Début 2013, il ouvre son atelier dans le vingtième arrondissement de Paris. Il y reste quatre ans jusqu’à ce que l’appel de la province le chatouille trop pour ne pas envisager réellement de s’y installer !
Pascal a reçu plusieurs récompenses, comme le prix Tremplin aux Artisanales de Chartres en 2014, ou encore le prix de la Jeune Entreprise, Artisan naissant, au Carrousel des Métiers d’Art et de la Création en 2014.
Au sein de son atelier, il propose des créations, de la restauration et des formations pour les amateurs souhaitant s’initier à le technique des vitraux.
L’Artisan du Vitrail et Montélimar
S’installer en province était un projet commun caressé depuis longtemps. La décision se prend très rapidement suite à la découverte d’une charmante maison à louer en plein centre de Montélimar ! En novembre ils déménagent atelier et appartement parisien, et Pascal ouvre sa boutique montilienne début décembre 2017.
Il voulait un local dans le vieux Montélimar, dans une rue passante mais pas trop ! Décidément, cet homme sait parfaitement ce qu’il veut !
Il a le coup de cœur devant une jolie devanture en bois (19 rue Saint Gaucher) et imagine déjà ses vitraux en présentation dans les vitrines de part et d’autre de la porte.
Tu as déjà vu un Artisan d’Art hors d’un centre-ville toi ? Non, bien sûr que non ! Pascal ne s’est d’ailleurs pas posé la question, le centre c’est le charme et le cachet des vieilles pierres… Il a trouvé ce local rapidement, je te vois ricaner en disant «évidemment il n’a que l’embarras du choix !», mauvaise langue va ! Figure-toi qu’il a eu affaire avec un propriétaire agréable, coopérant et compréhensif ! Et vlan, ça en bouche un coin à certains ça, non ?!
Avant d’ouvrir, il a fait des travaux, et l’accueil chaleureux des montiliens s’est vite fait sentir. Beaucoup d’habitants lui ont manifesté leur plaisir et leur intérêt à voir une telle boutique s’implanter dans le quartier. Évidement, de nombreuses personnes l’ont mis en garde de s’installer dans le centre-ville de Montélimar ! Pourtant ses souvenirs d’adolescent de cette ville étaient bons, en la quittant, il avait même éprouvé comme l’impression de « quitter une petite amie », il lui semblait donc logique de la retrouver 😉 Il ne se serai pas implanté ici, s’il n’avait pas été persuadé que le centre allait reprendre son essor. Héhé, si tu me suis sur mes réseaux sociaux, tu imagines aisément que je partage la même vision !
Le regard de La Montilienne
Il faisait beau et chaud quand j’ai rejoint Pascal dans son atelier, durant notre entretien plusieurs personnes – amis et voisins – sont passées, ce qui a conféré une atmosphère de petit village, et le temps de quelques heures, j’ai ressenti comme un air de vacances :
- une petite maison de ville à l’autre bout de la rue, que Pascal rejoint en trois coup de pédale.
- une boutique lumineuse et apaisante où se côtoient verres colorés, instruments d’artisan, plantes et meubles chinés…
Dans ces conditions, l’histoire de sa reconversion réussie, m’a paru enchanteresse et même contagieuse !
J’aime les gens qui ont fait une reconversion, cela se ressent dans leur nouveau travail qui s’enrichit de leurs expériences passées. Pascal dessine généralement ses projets à l’ordinateur, l’ancien graphiste refait surface, pour ensuite les reproduire méticuleusement à la main sur le verre. C’est d’ailleurs ses compétences en tant que dessinateur qui font sa particularité et son style dans le petit monde des vitraillistes.
«Souvent je me suis demandé pourquoi les vitraux attiraient autant les gens.» En guise de réponse, il propose cette analogie amusante avec les tablettes :
- c’est lumineux.
- c’est coloré.
- cela raconte une histoire.
j’aime bien cette comparaison, car cela fait un pont entre un métier ancien et les nouvelles technologies. C’est d’ailleurs sur elles que Pascal a misé pour assurer sa communication. Là aussi ses compétences développées dans une autre vie, l’aident ! L’artisan du vitrail a multiplié ses points de contacts web et cela paye car nombreux sont ses clients qui arrivent par le biais du web !
Cette dimension numérique donne un nouveau souffle à un métier ancien, un coup de jeune rafraîchissant, qui remet au goût du jour le vitrail. J’ai découvert les vitraux autrement, à travers un prisme moderne et épuré, qui souligne un aspect délicieusement art déco et rétro… Tendances qui reviennent en force actuellement ! Il ne reste plus qu’à trouver une place pour installer un vitrail dans ma maison en construction 😉
Si tu aimes te balader à pied à travers la ville, je te conseille vivement de passer la porte de l’atelier de Pascal afin de découvrir un artisan accueillant et une technique que tu découvriras peut-être différemment de l’image que tu en as !
La montilienne
Infos pratiques :
Artisan du Vitrail
19 rue Saint Gaucher
26200 Montélimar
09 51 14 14 20
Site internet de l’Artisan du Vitrail
Facebook de l’Artisan du Vitrail
Instagram de l’Artisant du Vitrail
Pinterest de l’Artisant du Vitrail
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