
Pour cet article estival j’ai choisi de te présenter le nouveau tiers-lieu Le parc installé à Dieulefit. Tu vas me dire un nouveau tiers-lieu qui apparaît dans le paysage drômois, ce n’est pas nouveau, c’est plutôt monnaie courante ! Oui, c’est vrai, mais celui-ci, dans sa conception et sa philosophie, me semble dénoter et proposer une vraie réflexion de fond sur ce que pourrait être un tiers-lieu de demain.
Afin de proposer d’autres pistes de modèles économiques novatrices et solidaires, ils ont décidé de jouer le jeu de notre modèle libéral, en étant totalement indépendant financièrement, grâce au pilier central qu’est la restauration. Je trouve cela assez malin et visionnaire. Un peu comme un Cheval de Troie, tu entres dans le cadre et tu changes les choses de l’intérieur !
Tiers-lieu, ce mot commence à être utilisé à toutes les sauces alors j’avais envie de faire un petit point sur ce terme et le réel rôle territorial de celui-ci. Ensuite, je t’explique pourquoi et en quoi, selon moi, celui de Dieulefit change la donne.
C’est quoi un tiers lieu
Une révolution silencieuse
La prolifération actuelle de ce mot s’apparente, à mon sens, à une petite révolution silencieuse. La floraison de tels lieux est un très bon signe pour les territoires en général. Cela indique que petit à petit la conscience collective intègre la réelle valeur et la portée des territoires. En effet, selon moi, les vrais changements viennent et viendront d’en bas, des territoires, et non d’en haut, de directives gouvernementales souvent très éloignées de la réalité de terrain. C’est comme si les territoires reprenaient petit à petit leur vrai pouvoir. La première étape est de fédérer et tisser du lien, la seconde sera d’offrir de vraies propositions de modèles novateurs et visionnaires de créer le monde de demain.
Des espaces singuliers, le troisième lieu
Il y a des tiers-lieux « conventionnés », des manufactures de proximités, des lieux atypiques autoproclamés « Tiers-lieux », à défaut de trouver une autre désignation pour ces espaces de vie où se côtoient des activités variées et hétéroclites telles que le coworking, des ateliers partagés, un fablab, des activités solidaires et sociales, une friche culturelle, un café associatif…
Bref, un tiers-lieu c’est un nouveau lieu, un espace hybride qui ne se concentre pas sur une activité unique. Chaque lieu à sa spécificité, il est pluridisciplinaire et permet de tisser du lien local.
Finalement en premier lieu que l’on côtoie, c’est la maison, le deuxième c’est le travail et le troisième est un espace convivial et fédérateur, soit le tiers-lieu !
L’appropriation politique
C’est finalement une expression assez ancienne mais il y a une véritable éclosion de ces lieux depuis 2010. Face à l’ampleur du phénomène, les penseurs et les politiciens ont réalisé le rôle que les tiers-lieux pouvait avoir en tant que pilier de relance du développement des territoires.
Pour pallier l’isolement et dynamiser leur territoire, des citoyens créent depuis des années des tiers lieux afin de développer le «faire ensemble » et retisser des liens. Ces lieux sont des acteurs centraux de la vie de leurs territoires. Leurs activités, bien plus larges que le coworking, contribuent au développement économique et à l’activation des ressources locales. (source : site du Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales ).
Les politiciens institutionnalisent ce terme. On parle alors de fabrique de territoire, de programme « nouveaux lieux, nouveaux liens », de labo des tiers-lieux, et même de conseil national des tiers-lieux !
Ce qui fait qu’aujourd’hui quand on me parle de tiers-lieux, je l’associe facilement à un lieu, certes atypique et engagé, mais qui s’inscrit dans une vision politiquement correcte due à une dépendance certaine à des subventions.
Or le tiers-lieu le Parc, affiche et assume avec fierté sa totale indépendance économique. C’est l’élément clé qui m’a fait penser que ce lieu a les moyens de dénoter dans le paysage territorial, et qu’il est en mesure de proposer d’autres pistes de modèles économiques novateurs et solidaires.
Tiers-lieu Le parc à Dieulefit
Les éléments visionnaires
Il y a, à mon sens, 2 éléments importants qui permettent à ce tiers-lieu d’offrir un modèle d’indépendance, ce qui lui permet d’avoir un véritable rôle dans la création de nouveaux modèles économiques et solidaires pour le monde de demain.
1 – Indépendance financière
Ce tiers-lieu s’est constitué en société, SCIC Société coopérative d’intérêt collectif, qui permet à des sociétaires d’investir de l’argent dans un projet qui a du sens pour eux. Il y a aujourd’hui 31 sociétaires de ce projet. Cela a permis de ne pas avoir besoin de contracter de prêt bancaire ! Une indépendance totale que j’admire et qui m’inspire !
Les investisseurs sont généralement des personnes locales, qui ont un lien affectif avec le territoire. Certains sont sociétaires-salariés de l’entreprise. Il y a en tout 12 salariés tout de même ! Je suis ébahie… !
2 – Pilier économique : le restaurant
Alors moi je trouve que c’est couillu, voire impertinent, de fonder aujourd’hui son modèle économique sur un restaurant ! Quand on sait que c’est un milieu très fragile qui traverse de grandes tensions… Je le répète à qui veut l’entendre : si tu veux aujourd’hui t’engager dans l’ouverture d’un restaurant, il faut vraiment que le projet se démarque dans ses propositions culinaires, mais aussi et surtout, dans ses propositions de fond, comme un modèle économique novateur et éthique. En gros, il faut révolutionner le paysage de la restauration ! Et bien c’est ce que fait le tiers-lieu Le parc en proposant de mettre du sens derrière l’acte de restauration, avec une vision éthique et engagée de la cuisine, mais surtout en faisant de ce restaurant le pivot central du tiers-lieu. Pour rassembler les gens, c’est bien connu il faut les sustenter ! Après on parle vrai !
Ces 2 éléments, me font dire que Le parc est un tiers-lieu particulier, qui propose un modèle d’indépendance et par là un laboratoire intéressant de création de nouveaux modèles économiques et sociaux. Une autre manière de penser et de voir l’économie est possible pour envisager demain.
Les 6 choses qui vont te donner envie d’aller au Parc
Le parc est né du rêve d’une personne qui a su entrainer dans ses « délires » les bonnes personnes, pour que son utopie devienne réalité. Kevin Valbon, un doux rêveur, le surnom de Peter Pan me saute aux yeux en l’évoquant ! À l’initiative du lieu éphémère du Poët Laval, maintenant fermé, l’opportunité de cette ancienne pizzeria à Dieulefit s’est présenté a lui. Les choses vont très vite, en 4 mois Le Parc né ! Laps de temps hallucinant quand on détaille les étapes pour ouvrir un tel lieu ! Ce qui annonce à mon sens un projet juste et aligné.
J’ai listé 6 choses soulignant la singularité de ce lieu qui vont te donner envie de le découvrir !
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Une restauration engagée
Nous n’allons pas nous mentir, souvent cet argument de mode est un effet de communication, un argument commercial. Mais ici, c’est un vrai engagement. Par exemple, pour réduire la consommation de verre, les boissons sont au pichet, y compris le vin.
Le menu du midi et du soir, adapté aux saisons, est affiché à l’ardoise. Il se compose de 3 plats et de 3 desserts, pour éviter le gaspillage alimentaire. En fonction de ce qu’elle a, la chef articule ses menus avec des produits bio, veillant à l’équilibre alimentaire, et favorisant la production locale et raisonnée.
Il va aussi y avoir très bientôt le développement de repas suspendus. C’est à dire des repas payés en plus par des clients pour des personnes n’ayant pas les moyens de se l’offrir. Une sorte de sécurité sociale alimentaire avec des prix justes et conscients !
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Snacking en continu
J’aime bien ça, c’est rare en province de pouvoir manger à toute heure ! Donc c’est à noter car des lieux semblables en Drôme se comptent sur les doigts d’une main !
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Une programmation musicale toute l’année
L’objectif de ce lieu est d’être un pilier social de rencontre et de création de lien humain, et c’est surtout hors saison que la nécessité d’un tel espace est vitale ! À Dieulefit, il n’existait jusqu’à présent pas encore de lieu « vivant », proposant une émulation culturelle à l’année.
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Ludothèque
Quoi de mieux pour fédérer les gens et rassembler toutes les générations que le jeu ? C’est tout naturellement que l’association Toursdejeux (lien externe) investi tous les mardis Le parc, de 16h à 22h30. Hors ce rendez-vous hebdomadaire, les jeux sont en libre service dans un espace dédié.
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Brunchs dominicaux
Chaque dimanche des brunchs à la carte sont proposés de 11h30 à 15h. Ca aussi c’est à retenir car cette offre existe encore trop peu en Drôme ! Je vais bientôt tester la formule, rendez-vous sur mes réseaux sociaux !
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Espace de coworking à venir
Il va y avoir un espace dédié, mais sans ça tu peux déjà y travailler ! C’est ce que j’ai fait toute une après-midi, lovée dans un fauteuil confortable !
Voilà, j’espère que cet article t’aura donné envie de découvrir ce lieu atypique, et qu’il aura su souligner la singularité du parc, qui par sa conception de fond propose comme un laboratoire d’expérimentation de nouveaux modèles à exploiter pour le monde de demain. C’est un véritable lieu de vie, si nécessaire en ruralité, ouvert en continu de 9h à 23h.
Il y a quelques années, une personne me disait le H to H, Human to Human, c’est l’avenir car la société à tellement besoin de revenir à ce lien fondamental. Les tiers-lieux sont pour moi le parfait endroit pour exercer le H to H au détriment des obsolètes B (business) to B (business) ou B (business) to C (consumer) !
Je te conseille de suivre l’actualité de ce jeune lieu, il y a un foisonnement d’idées inspirantes et intéressantes quant à la création d’activités complémentaires, à la manière d’envisager un salaria humain et une économie vertueuse et circulaire.
Ce qui est sûr, c’est que l’on ait un regard politique ou non, les tiers-lieux sont des piliers essentiels dans le développement des territoires ruraux.
Quand tu y seras allé, tu me partages tes retours ci-dessous ?
La Montilienne
Informations pratiques
Le parc
51 rue des Reymonds
26220 Dieulefit
Ouverture :
Lundi, Mercredi, Jeudi et Dimanche 9h – 23h
Mardi 16h – 22h30
Vendredi et Samedi 9h – 1h
0475533684
contact(at)tierslieu-leparc.fr
Site internet du tiers-lieu Le parc
Page Facebook du parc de Dieulefit
Compte Instagram du Parc à Dieulefit
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