
Excusez-moi pour cette photo de très mauvaise qualité, un soucis d’appareil photo…
Aujourd’hui, mon article va peut-être en déstabiliser certains, car au premier abord ce restaurant ne correspond pas du tout aux critères mettant en valeur l’art de vivre que je souhaite souligner dans ce blog. Pourtant deux éléments ont motivé ma rédaction :
- ce restaurant a ouvert très récemment, et en centre ville ! Vous n’êtes pas sans remarquer que de telles ouvertures se font rares en ce moment, aussi ce simple critère justifie-t-il à lui seul un article ici !
- si l’on met de côté les premiers obstacles, dont une devanture peut engageante et une communication maladroite, la cuisine est contre toute attente, bonne et agréablement surprenante !
Et c’est en creusant un peu plus et en faisant parler le propriétaire, que j’ai aperçu un concept original et un potentiel intéressant, pas exploité à sa juste valeur selon moi …
J’ai ainsi décidé de rencontrer le jeune restaurateur afin qu’il me présente mieux sa cuisine, et qu’il satisfasse ma curiosité quant aux motivations l’ayant guidé à entreprendre le pari audacieux d’ouvrir une restaurant dans le centre ville.
Présentation
Lionel Tacita, restaurateur
Ce jeune homme d’origine guyannaise a baigné dans la cuisine avec un papa restaurateur. Pour ses études il arrive en métropole où il entreprend un BTS de commerce et travaille par la suite dans le milieu de la mode et du luxe. Sa passion ne le quitte pas, et en parallèle de son activité professionnelle, il atteint un bon classement dans le jeu télévisé Top Chef , et confectionne des burgers pour des établissements parisiens.
Il se rend compte que la cuisine fait partie intégrante de son identité et que c’est dans ce domaine qu’il se sent réellement à sa place. Fort de ces considérations, il décide d’ouvrir son premier établissement, non pas à Paris, mais à Montélimar ! D’aucuns diront, « quelle drôle d’idée ! Un très mauvais choix stratégique, ce jeune homme a sûrement été très mal conseillé », d’autres l’encourageront et écouteront les arguments qui l’ont poussé à déposer ses valises, il y a quelques mois, dans notre jolie ville du sud.
Création du restaurant Max2goût à Montélimar
D’une part Lionel souhaitait se rapprocher du sud où il a des amis. D’autre part, il souhaitait s’installer dans une petite ville afin de suivre les conseils de son père qui l’a toujours engagé à « commencer petit ». Attention, cela ne signifie pas que les loyers dans le centre ville sont petits (ce qui paraît être une aberration quand on y pense !).
Bref, le voilà fraîchement débarqué de la capitale avec sa compagne. Ils s’installent dans les murs d’une ancienne pizzeria au centre ville où il font quelques travaux avant d’ouvrir en octobre dernier.
Leur nouvelle affaire se trouve dans le haut de la rue Pierre Julien au numéro 103. Je m’étonne et émet candidement la réflexion suivante « ce n’est pas très central pour lancer une première affaire… » ce à quoi il me rétorque qu’à Paris les meilleurs restaurants sont ceux qui n’ont pas pignon sur rue. Certes … mais Montélimar n’est pas Paris. Bref passons !
Une cuisine qui se démarque
Lionel a voulu faire apparaitre dans sa cuisine son identité culinaire. Il a donc inventé et protégé le beignet burger qu’il ne faut pas confondre avec le buns, dérivé des beignets de la Nouvelle Orléans. Il m’explique que les beignets burgers ressemblent à ce que l’on servait aux jazzmen américains dans les années 60 avant leurs concerts. Un plat riche afin qu’ils puissent tenir la scène plusieurs heures. Le jazz américain de cette époque, c’est également l’univers qu’il a souhaité faire transparaitre dans son restaurant notamment en donnant à ses plats des noms d’artistes célèbres tels que Betty Carter, Billie Holiday ou encore Ibrahim Maalouf.
Pour ses burger classiques, ils n’ont en fait rien de classique !! La viande est marinée comme en Guyanne et est cuite au four ! Le pain est fait avec une pâte douce et les sauces sont longuement travaillées.
Toute la nourriture est fraîche, jusqu’à la salade de fruits (testée et validée), achetés chaque matin aux halles.
C’est sûr, l’originalité et les saveurs sont présentes ici.
Une ambiance
Pour faire vivre son restaurant au-delà de la nourriture qu’il propose, Lionel souhaite développer l’univers du jazz et ouvrir régulièrement sa petite scène, qu’il a installée dans sa salle de restaurant, à des musiciens. C’est aussi des soirées à thèmes qu’il souhaite développer notamment au travers de la salsa.
Max2goût et Montélimar
L’ouverture de ce restaurant est très récente et Lionel dresse déjà un bilan positif même s’il se frotte aux codes d’une petite ville de province qu’il n’avait peut-être pas bien évalués avant de s’installer.
Sa clientèle se compose actuellement de 50% de voisins, de 30% de montiliens et de 20% de touristes. Il compte également des clients fidèles, signe que sa cuisine plait, il ne peut que s’en féliciter. Personnellement, il est satisfait, il apprécie l’ambiance d’une petite ville, cela lui convient parfaitement. Mais il émet un constat sévère sur la ville et les montiliens ; il est choqué et déçu par plusieurs choses. Il se dit notamment choqué car les gens ici ne semblent pas apprécier la bonne nourriture, car selon lui, beaucoup de personnes préfèrent manger sur le pouce des plats industriels. Il s’attendait également à plus de curiosité de la part des montiliens et à un meilleur accueil. Selon lui, les gens ici sont ouverts de façade mais frileux devant la nouveauté. Pour couronner le tout, il semble sincèrement déçu par le manque de solidarité entre commerçants. Il affirme s’être présenté à tous les commerçants de la ville mais ne pas avoir réellement eu de retours… A ma réflexion sur l’emplacement mal famé de son restaurant, il rétorque en affirmant qu’il a fait le ménage avec la mauvaise population. Il s’est plusieurs fois énervé, ce qui l’a même amené à se présenter à la mairie avec les tessons de bouteille retrouvés dans sa rue !
Mais il reste positif, il a investi une grande part de ses économies et de son énergie à animer son établissement. Le temps va faire son œuvre … Il attend l’été pour dresser un meilleur bilan.
Des projets il en a plusieurs, notamment d’ouvrir, en face de son restaurant, un point de restauration à emporter. C’est un jeune homme ouvert et dynamique, qui, malgré des débuts inévitablement difficiles dans un nouvel endroit, souhaite participer à son niveau au rayonnement de Montélimar. Je retiendrai notamment qu’il va jusqu’à offrir le parking à ses clients afin de contourner l’obstacle du stationnement plusieurs fois soulevé.
Max2goût et La Montilienne
Lorsque je suis venue déjeuner, au vu de l’ambiance quelque peu banale et froide de la salle de restaurant, j’ai pensé que les quelques photos de jazzmen et le nom des burgers étaient des prétextes commerciaux pour tenter de donner un aspect « branché » à ce restaurant. La carte m’a de plus été très mal vendue, mais à mon grand étonnement, les plats servis étaient bons et emprunts d’originalité. Après l’addition raisonnable, mon acolyte et moi-même allions partir et garder de notre passage le vague souvenir d’un bon repas, mais d’un endroit sans véritable âme, n’incitant pas à revenir. Sur ces entrefaites, Lionel Tacita est sorti de sa cuisine pour faire un tour en salle et s’est enquit de notre réception de ses plats ; j’ai commencé à lui poser et nous découvrons alors un jeune homme passionné de musique qui nous raconte l’histoire de sa cuisine et de ses burgers. Notre attitude change alors radicalement et cela me pousse à la rédaction de cet article car j’aperçois deux points forts qui digne d’être soulignés :
- une nourriture goûteuse, qui mérite que l’on parle d’elle
- un concept intéressant autour du jazz qui a tout de même besoin d’être travaillé et approfondi afin de donner du corps et affirmer une véritable identité à cet établissement.
Malheureusement, je trouve que ces deux forces sont maladroitement exploitées et ne transparaissent pas au travers, ne serait-ce que du nom de cet établissement, ou encore à travers son identité graphique. Je ne peux que constater autour de moi que l’identité bancale que dégage ce lieu ne rassure pas et le dessert plutôt. Je pense qu’il faut qu’il s’affirme comme incontournable en affichant clairement ses atouts. Le client doit être baigné dans une atmosphère jazz, ressentir la passion associée, découvrir l’histoire de cette cuisine originale… et n’avoir qu’une envie, revenir dans un lieu chaleureux. Le potentiel est là, il ne maque plus qu’à travailler l’emballage !
Je suis contente d’avoir rencontré et découvert l’histoire d’un jeune cuisinier ayant décidé délibérément de s’installer à Montélimar. Je lui souhaite de persévérer en affirmant mieux ses différences.
Enfin à la lecture de cet article, je vous invite à aller déjeuner ou diner dans ce restaurant et ceux pour deux raisons principales :
- c’est une manière d’approuver et de soutenir l’initiative d’ouvrir, à l’heure actuelle, un restaurant en plein centre ville.
- pour la découverte culinaire qui propose une cuisine originale, copieuse et généreuse sans être lourde pour autant.
Je vous conseille d’engager la discussion avec Lionel, qui, passionné vous racontera avec plaisir sa cuisine. Glissez-lui que vous venez suite à la lecture de cet article, le dessert vous sera offert !
Racontez-moi votre expérience !
mars 2018 : Cet établissement a malheureusement fermé ses portes il y a quelques semaines …
La montilienne
Infos pratiques :
Max2Goût
103, rue Piere Julien
26200 Montélimar
04 75 51 29 01
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Ouverture du mardi au samedi
de 12h à 14h et de 18h30 à 22h
Le dimanche une fois sur deux
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