
Ca y est, le bestiaire s’en va vers d’autres horizons, ne restera jusqu’au 31 décembre que l’ours blanc de la fontaine du théâtre.
J’ai eu l’occasion d’assister à la visite du plasticien Richard Orlinski, je n’avais pas alors en tête d’en faire un article, mais après avoir constaté les réactions qu’il suscite et l’actualité prolifique de l’artiste, je me suis laissée prendre au jeu et me suis intéressée de plus près au phénomène Orlinski qui m’a peu à peu intriguée, interloquée et fascinée. Pour en arriver à la question suivante : « quel est le rapport de Montélimar avec l’art contemporain ? »
L’artiste
On ne peut pas les louper, ses animaux géants monochromes qui étaient plantés sur les places et ronds-points de la ville. Richard Orlinski s’intéresse particulièrement aux animaux pour la symbolique qu’ils représentent. Par exemple, le kong, pièce emblématique de son travail, représente la force et la puissance ; pour lui, c’est l’homme idéal, graal de notre quête humaine.
Orlinski est en premier lieu un architecte, designer. C’est sur le tard qu’il s’affirme en tant qu’artiste et commence à présenter ses œuvres.
C’est avec méfiance que je l’aborde en comprenant que c’est un « chef d’entreprise » de 150 personnes (artistes, artisans, freelances…). Cela me parait antinomique avec la signification même d’artiste, puis en réfléchissant je pense à la Factory crée par Andy Wahrol et qui a produit une grande partie de ses œuvres. Ainsi je comprends que le travail de Richard Orlinski colle totalement au thème de l’exposition en cours : Pop art, voir plus…
Un artiste show off
Apparemment, le choix politique du maire d’inviter cet artiste à présenter une partie de son bestiaire dans les rues de Montélimar est vivement critiqué. C’est vrai que cet artiste a de quoi faire parler de lui : « le sculpteur des stars », « un décorateur plus qu’un artiste », « un artiste bling bling »… Il a longtemps été boudé par le gratin de l’art contemporain français, ce qui ne l’a pas empêché de devenir l’artiste le plus vendu dans le monde avec des cotes atteignant des sphères déraisonnables !
J’entends les critiques sur son travail que je partage pour certaines, mais, la fascination pour le personnage a pris le dessus ! Bien qu’il m’ait paru assez antipathique lors de son bref passage dans notre ville, sa conception de l’artiste et son discours concernant sa relation à l’art m’ont paru empreint de valeurs nobles. Pour lui l’art doit être protéiforme, il n’est donc pas juste un sculpteur contemporain, c’est également un musicien, un designer, un metteur en scène (création en cours d’une comédie musicale). Dans ses dernières actualités on trouve sa collection capsule créée pour The Koople ou encore la présence de certaines de ses sculptures en chocolat pour le salon du chocolat de Paris.
Son discours populaire m’a plu (tiens ça aussi, cela sonne bien avec l’expo en cours au MAC), selon lui, l’art dans la rue correspond à son travail qu’il veut pour tous, l’art gratuit, à la portée de tout le monde… Il aime que chacun puisse avoir accès à son travail et se l’approprie selon ses propres codes. C’est une belle idée de l’art non ?
Orlinski a su mettre en scène sa vie et son œuvre, il a réussi à faire de ses rêves une réalité, et ça c’est un talent qui me fascine et m’incite à lire son livre qu’il est venu dédicacer à la Nouvelle librairie Baume : « Pourquoi j’ai cassé les codes ».
Montélimar et l’art contemporain, une relation ambigüe ?
Depuis quelques années, la ville de Montélimar expose à différents endroits stratégiques de la ville des œuvres d’artistes contemporains. Elles font écho à l’exposition proposée par le MAC. Cette démarche est appréciable car contempler des œuvres contemporaines éphémères, même si on ne les apprécie pas, permet d’ouvrir la discussion plutôt que de la fermer en se retrouvant devant un parterre d’herbes synthétiques…
On peut se demander d’où vient cette idée d’envahir la ville d’œuvres contemporaines, la ville n’est pourtant pas réputée pour avoir une politique culturelle bien développée…
Lors de la visite d’Orlinski, le maire m’a semblé un fervent admirateur d’art contemporain, est-ce en véritable amateur qu’il souhaite faire partager sa passion à ses administrés, ou est-il simplement attiré par les paillettes éphémères de l’ « art contemporain » qui, penserait-il, lui permettrait d’ériger Montélimar au rang des villes « tendance » ? Cette dernière supposition sonne creux, espérons qu’elle soit erronée.
En tout cas, Montélimar va être « à la page » en s’offrant le luxe d’un concert de Richard Orlinski sur le thème de… Disney ! Ce sera le 22 décembre à l’occasion de l’embrasement du théâtre. Et puis la ville va s’enorgueillir de compter une œuvre de l’artiste puisque celui-ci envisage d’en offrir une à la ville. Un sondage a d’ailleurs été mis en place sur le site de la ville. Un cadeau c’est bien mais c’est encore mieux de le choisir non ?!
A bon entendeur, salut
La montilienne
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