
Cette semaine, alors que le festival de la photographie d’auteur de Montélimar bat son plein, il m’a paru intéressant de présenter cette manifestation culturelle qui, après de L’écrit à l’écran et les Cafés littéraires, va clore la série des manifestions culturelles animant l’automne pour laisser place aux festivités de fin d’année. J’ai donc rencontré Stéphane Lecaille, président et co-fondateur du festival, qui m’a présenté son parcours et la ligne directrice de celui-ci. Nous avons également évoqué la relation que cet événement entretient avec sa ville. Je terminerai cet article, comme j’en prends l’habitude, en y apposant mon filtre.
Présentation
Stéphane Lecaille
A un jour de l’inauguration du festival, dans la très jolie chapelle Chabrillan devenue espace d’art, et alors que l’accrochage n’est pas encore tout à fait terminé, Stéphane Lecaille a pris le temps de discuter un long moment avec moi. Disponibilité rare à l’approche du jour J, que j’ai ainsi d’autant plus appréciée !
Il est agréable certes, mais aussi un peu déstabilisant, de débuter un entretien sur l’injonction de l’interviewé : « parlez moi de vous ! ». Passé le trouble, cette anecdote souligne la personnalité philanthrope et chaleureuse du personnage, emprunt de belles valeurs humaines qu’il a souhaité infuser dans son festival créé en 2013.
La photographie était son métier jusque dans les années 1980, une partie de son travail fut d’ailleurs exposée lors de la première édition de Présence(s) Photographie. Il choisit alors de ne plus envisager la photographie comme gagne pain mais comme passion. Il est aujourd’hui chef d’entreprise dans l’industrie de la cosmétique à Lussan. Oui, le monsieur n’est pas Montilien, ce qui va d’autant plus attiser ma curiosité ! En effet il habite Le Teil, et c’est, attiré par la beauté du grand espace qu’offre l’ancienne chapelle Chabrillan, qu’il installe son festival à Montélimar.
Festival
En 2013 l’idée de cet événement est portée par trois co-fondateurs, dont lui-même et le photographe montilien Bernard Coste. Tous trois, fascinés pas l’image et le pouvoir de celle-ci sur la compréhension du monde, envisagent un festival de photographie d’auteur, qui n’avait pas de pendant en Drôme. Ils lancent l’année zéro, et la qualité de ce nouvel évènement séduit aussi bien le public que les institutionnels, ce qui les encourage à persévérer. Aujourd’hui, nous assistons donc à la 4ème édition officielle de ce festival exigeant.
Le budget est à 80% constitué de financement privé (sponsors et mécènes), le reste étant des financements publics. Cette année, la communauté de commune Rhône Coiron, apporte à elle seule autant que la ville de Montélimar, le département de la Drôme et la région réunis !
Philosophie
« L’ADN du festival, c’est l’homme au cœur de la photographie d’auteur », me confirme Stéphane Lecaille. A ma question, candide, au sujet d’ateliers photographiques, il me précise bien que ce festival n’est pas un photo club, cette cette offre existe déjà. Il s’agit ici d’amener le spectateur à poser un regard sur son monde, à le faire se questionner sur son environnement, à le bousculer parfois pour le sortir de sa zone de confort. Cette philosophie découle du mouvement de la photographie humaniste, courant qui prend son essor après la seconde guerre mondiale.
Enfin, tous les évènements et expositions sont gratuits, une démarche d’ouverture et de démocratisation de la culture à laquelle le président est très attaché.
Articulation du festival
Le festival s’articule sur 2 semaines (du 17 novembre au 3 décembre 2017), et englobe trois week ends. C’est un gros challenge ! Le centre névralgique est à Montélimar avec 2 expositions principales, l’une à l’espace Chabrillan et l’autre dans le hall du théâtre de la ville.
L’invité d’honneur cette année est Marc Riboud, géant de la photographie, membre de l’agence Magnum, décédé il y a un an. Montélimar peut s’enorgueillir de présenter en exclusivité son exposition Alaska encore jamais montrée en Europe. C’est également 14 photographes du monde entier, qui honoreront le festival de leur présence, et qui exposeront dans le parc de la ville, les galeries montiliennes, les commerces et restaurants de la ville. Certaines expositions auront aussi à Dieulefit, ou encore sur les bords du Rhône, ainsi qu’au Teil et à Meysse.
Plus que des expositions, ce sont des lectures et des projections de portfolios et une rencontre du livre.
PROGRAMME DU FESTIVAL
Atouts
Les forces de ce festival résident principalement dans l’équipe, constituée de passionnés qui assurent un réseau d’hébergements. Procédé convivial, très apprécié des invités photographes. Mais elles consistent aussi dans la réactivité et la souplesse notamment grâce à la proximité d’ateliers de production comme la Fabrique de l’image à Meysse ou Le Quai et le studio l’œil écoute à Montélimar.
Enfin, depuis l’année dernière, l’association Présence(s) Photographie constitue un fonds photographique qui a pour but de garder une mémoire du festival, mais également d’être présenté sur demande. Durant l’événement, il sera visible à trois endroits, l’hôtel du Parc, le restaurant l’Auberg’in et le Bon’heure du jour .
Festival et Montélimar

Alaskan highway – 1958 © Marc Riboud
Ce festival a très vite rencontré son public, on peut dire qu’il a répondu à une attente. L’année dernière, l’espace Chabrillan et le hall du théâtre ont reçu environ 3500 visiteurs en 2 semaines, ce qui est un chiffre très honorable. À en apprécier le monde, (et les huiles !) présents lors de l’inauguration de vendredi dernier, on imagine que les chiffres sont bien partis pour dépasser ceux de l’année précédente. Force est de constater que Marc Riboud fait déplacer du beau monde, une population que Montélimar aurait même pu imaginer perdue ou alors inexistante ! Finalement, il suffit d’offrir de la qualité aux gens et ceux-ci la consomment sans modération, ça paraît simple !
Le festival est sollicité par le château des Adhémar, géré par le département. Fabien Limonta, vice président à la culture, a d’ailleurs confirmé que le château est ouvert au différentes manifestations et initiatives culturelles. Il se peut donc que l’année prochaine, une partie du festival y prenne ses quartiers.
Ce festival associe également divers lieux et surtout commerces de Montélimar dont la librairie Baume avec laquelle il a organisé, dimanche, une journée du livre dans le salon d’honneur de la mairie.
Enfin, il revêt également une démarche pédagogique avec les écoles de la ville et des environs. L’année dernière on a pu compter 27 visites scolaires. Le festival a même trouvé le moyen de capter les étudiants du lycée Alain Borne qui passaient devant le hall du théâtre sans y entrer, alors même qu’il y a dans cette école une classe d’art visuel. Il a donc été créé un prix des lycéens.
Le festival et la Montilienne

Vernissage Présence(s) Photographie 2017
C’est en découvrant le travail des photographes exposés que la dimension artistique et la portée unique de la photographie comme témoignage m’ont frappée, et m’ont donné l’envie de mieux m’approprier cette forme artistique que je connais peu.
J’apprécie également la communication épurée et esthétique de ce festival, qui traduit un professionnalisme (alors qu’il n’y a aucun salarié !). Cela contribue, sans doute, à asseoir la légitimité et la croissance de ce festival.
Pour la deuxième année, a été mis en place un financement participatif pour que chacun puisse participer, à son niveau, à la réalisation du catalogue. Cette idée m’a séduite car c’est un moyen d’englober le public qui se sent ainsi partie prenante du festival, comme si une petite partie lui appartenait… Au delà, du besoin premier qui est financier, cette méthode me paraît astucieuse comme outil de communication et de fidélisation.
Enfin, je déplore presque que ce festival soit si dense, car il est difficile d’assister à toutes les propositions et à tous les vernissages. Rien que ce week end, pas moins de 11 évènements étaient proposés ! Un côté frustrant que je regrette, bien que je comprenne qu’un festival doive créer une certaine émulation sur un temps imparti… Et si comme moi, vous bénéficiez de peu de temps, j’ai tant bien que mal obtenu de Stéphane Lecaille, deux conseils de parcours incontournables, à savoir l’exposition de Marc Riboud et l’exposition du photographe marocain Yoryas Yassine Alaoui. Cette dernière se trouve sur les bords du Rhône en Meysse et le Teil.
Ce festival clôt une série de trois gros évènements culturel automnaux (cités plus haut). Ayant eu la chance de rencontrer deux des présidents de ces festivals, je peux affirmer qu’à Montélimar nous sommes culturellement gâtés. Ces trois manifestations, qui défendent des formes artistiques bien différentes, se retrouvent sur la qualité et la mission non négociable, qui prend même un caractère presque urgent et vital, de remettre la culture au sein de notre vie montilienne. Ces trois festival nous offrent des clés, utilisons les !
La montilienne
Infos pratiques :
Présences(s) Photographie
17 novembre – 3 décembre 2017
Evènements
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